La Note 39 de l’Observatoire de l'Habitat s’intéresse à l’utilisation du foncier pour la construction sur la période 2004-2022, offrant pour la première fois une perspective sur les tendances longues du développement urbain et résidentiel au Luxembourg. Ceci permet non seulement de mesurer l’impact des évolutions économiques et démographiques sur l’utilisation des ressources foncières, mais aussi de fournir des indications essentielles pour la planification urbaine future.
Cette étude considère les constructions réalisées sur deux principaux types de surfaces : celles libres de toute construction, dites « nouvellement construites », et celles précédemment bâties, dites « reconstruites ». Ceci permet de comparer les dynamiques d’extension des zones urbaines au processus de densification du tissu urbain existant, et d’évaluer ainsi la concordance entre les tendances passées et les objectifs liés à l’artificialisation et à l’aménagement du territoire.
Les analyses effectuées permettent de tirer les enseignements suivants :
- Au cours de la période 2004-2022, 2 202 hectares nets ont été nouvellement mis en construction, représentant une moyenne de 122 hectares nets par an. Sur le même période, la reconstruction a représenté 713 hectares nets, soit en moyenne presque 40 hectares par an. Pris dans l’ensemble, 2 915 hectares ont été utilisés pour être nouvellement construits ou reconstruits, dont un quart est lié à de la reconstruction ;
- Entre 2004 et 2022, plus de 73 000 nouveaux logements ont été observés dans le pays, avec une majorité venant de la nouvelle construction : environ 50 000 unités sont issues de surfaces nouvellement mises en construction et 23 000 logements issus de la reconstruction de bâtiments existants. Parmi ces 73 000 logements, 9 000 étaient encore en cours de construction en 2022 ;
- 34 % des nouveaux logements construits ou reconstruits entre 2004 et 2022 se situent dans les communes de l’Agglo-Centre, 30 % dans les communes endogènes et 22 % dans les communes de la Région Sud. Les communes de la Nordstad n’ont représenté que 3 % des nouveaux logements sur cette période. Ces proportions se rapprochent de l’importance relative de ces types de communes en termes d’habitants ;
- La densité résidentielle nette la plus importante a été observée dans la Région Sud, avec 64 logements par hectare sur les surfaces nouvellement construites et 77,5 logements par hectare sur les surfaces reconstruites – des valeurs légèrement plus élevées que dans l’Agglo-Centre.
- La carte ci-dessous présente la répartition spatiale des nouveaux logements en faisant abstraction des limites administratives des communes. Elle montre à la fois une concentration forte de nouveaux logements dans les trois agglomérations et les Centres de développement et d’attraction (CDA) et une dispersion de nouveaux logements au sein du reste du territoire. Cette dispersion, et le faible niveau de densité qui l’accompagne, complique la desserte en infrastructures de mobilité et en augmente le coût de construction et d’exploitation, menant in fine à des coûts de vie croissants pour les gens qui habitent dans ces zones.
Les tendances longues du développement urbain et résidentiel du Luxembourg entre 2004 et 2022 montrent donc l’importance de la mise en œuvre du Programme directeur d’aménagement du territoire arrêté par le gouvernement en juin 2023, dont l’ambition est d’améliorer la qualité de vie à travers le développement cohérent, structuré et durable du pays. Dans le cadre de cette mise en œuvre, il s’avère indispensable d’ouvrir un dialogue franc et constructif avec les politiques sectorielles et les communes afin de placer de manière plus centrale dans les stratégies locales la cohésion globale du territoire.