Crée le
Nouvelles analyses de l’Observatoire de l’habitat Terrains utilisés pour la construction, non-recours à la subvention de loyer et conditions de logement des locataires
Communiqué
Lors de la Semaine nationale du logement, l’Observatoire de l’habitat publie trois nouvelles études afin d’accompagner la mise en œuvre des politiques relatives au logement et à l’habitat. Celles-ci fournissent des informations précieuses en relation avec la consommation de terrains pour la construction de nouveaux logements, le non-recours à certaines aides sociales par les bénéficiaires potentiels et les conditions de logement des locataires à revenus modestes. Les résultats de ces études montrent que les efforts menés au courant des dernières années portent leurs fruits, mais doivent être renforcés.
Les terrains utilisés pour la construction de logements entre 2016 et 2022
La Note 35 apporte, dans un contexte de pression croissante sur l’environnement et le milieu naturel, une analyse précise de l’utilisation des réserves foncières pour la construction de nouveaux logements. Ces derniers peuvent être construits soit sur des terrains libres de toute construction, appelés « terrains consommés », soit sur des terrains où un bâtiment préexistant a été démoli pour être remplacé par une nouvelle construction, désignés comme « terrains reconstruits ».
Les analyses de la Note 35 mettent à jour les analyses sur la consommation foncière et la reconstruction pour la période 2016-2022. En voici les principaux enseignements :
- La période 2016-2022 a été marquée par une consommation résidentielle stable, et une hausse importante de la reconstruction de terrains résidentiels. Ceci témoigne d'une pression croissante pour trouver des terrains pour la construction dans un contexte de forte concentration du foncier résidentiel.
- Un nombre important de logements ont été créés sur la période : 17 000 logements proviennent de la consommation foncière et environ 12 000 logements de la reconstruction (sans prendre en compte le nombre de logements qui ont pu être démolis lors du processus de reconstruction).
- La part des appartements est plus élevée pour la reconstruction (78 %) que pour la consommation foncière (59 %). La densité nette obtenue est donc aussi plus forte pour les terrains reconstruits : 39,7 logements en moyenne par hectare net sur les terrains consommés contre 53,7 logements par hectare pour les terrains reconstruits.
- Les espaces urbains vacants, appelés « Baulücken », représentent 43 % des surfaces consommées.
Réduire le non-recours à la subvention de loyer au Luxembourg
Depuis sa mise en place en 2016, la subvention de loyer vise à soutenir les locataires au Luxembourg ayant de faibles revenus, et dont les dépenses liées au logement excèdent 25% de leur revenu net (loi du 9 décembre 2015). Cependant, le Ministère du Logement estime qu’en 2023, environ 76% des ménages potentiellement éligibles ne font pas appel à cette aide. Cette situation soulève des interrogations concernant d’une part les caractéristiques sociodémographiques des ménages qui ont droit à la subvention de loyer mais qui ne la sollicitent pas, et d’autre part les raisons qui les poussent à ne pas en faire la demande.
Le rapport d’analyse n. 8 repose sur une analyse des premiers résultats de l’enquête « logement abordable » réalisée par l’Observatoire de l’Habitat entre février et août 2023. Il montre que :
- 47% des ménages potentiellement éligibles mais non-bénéficiaires de la subvention de loyer ne connaissent pas les aides au logement disponibles au Luxembourg. Ceci concerne particulièrement les individus âgés de 19 à 35 ans, et les personnes de nationalité hors Union Européenne.
- 45% des ménages potentiellement éligibles mais non-bénéficiaires de la subvention de loyer pensent qu’ils ne sont pas éligibles aux aides au logement. Les groupes où l’on retrouve le plus souvent ce cas de figure sont les personnes âgées de 56 à 65 ans, les ménages avec 2 enfants et ceux ayant une nationalité d’un pays de l’Union Européenne.
Sur la base de ces analyses, il semble opportun :
- d’améliorer la communication générale concernant les aides au logement en location ;
- d’identifier au mieux les populations éligibles (éventuellement à travers de nouvelles sources de données administratives sur les locataires) ;
- d’améliorer la communication sur les aides à destination des groupes moins bien informés (populations issues de l’étranger et les jeunes).
Estimation du nombre de ménages éligibles à la subvention de loyer.
Année |
Nombre de nouvelles demandes |
Nombre de ménages ayant reçu une aide |
Montants accordés en € |
Estimation des ménages éligibles |
Taux de recours % |
2016 |
4.016 |
1.090 |
837 272,62 |
18.600 |
5,86% |
2017 |
2.034 |
1.873 |
2 061 981,86 |
18.600 |
10,07% |
2018 |
3.674 |
4.448 |
5 239 261,53 |
33.000 |
13,48% |
2019 |
3.060 |
6.052 |
7 446 323,19 |
33.000 |
18,34% |
2020 |
3.712 |
7.377 |
9 555 336,42 |
33.000 |
22,35% |
2021 |
3.529 |
8.283 |
10 588 104,65 |
36.000 |
23,01% |
2022 |
4.496 |
9.716 |
17.761.464,07 |
40.000 |
24,29% |
2023* |
3.353 |
9.327 |
20.796.285,76 |
40.000 |
n.a |
Les données de l’année 2023 sont prises en considération jusqu’au 18 septembre seulement.
Combiner les difficultés en lien avec logement afin d’obtenir une vue plus cohérente des conditions de vie des ménages
La Note 34 de l’Observatoire de l’habitat introduit un indicateur de déprivation cumulée en relation au logement et permet ainsi de dresser une nouvelle perspective sur les conditions de logement des ménages du marché privé du Luxembourg.
La déprivation liée au logement, telle que définie dans le cadre de cette note, englobe les problèmes et les défis auxquels les ménages font face et inclut outre l’incapacité de faire face à des dépenses financières imprévues, des situations telles que le surpeuplement, les fuites d’eau, les nuisances sonores provenant du voisinage, ainsi que des arriérés de paiement des charges liées au logement. Les conditions de logement des ménages sont mesurées sur la base de 12 indicateurs tirés de l’Enquête Européenne EU-SILC 2019, et qui peuvent être cumulés au niveau du ménage.
Près de 36% des ménages locataires et 54% des ménages propriétaires avec emprunt affirment ne connaitre aucune difficulté concernant leur logement. Pour les locataires les moins aisés, seuls 22,6% déclarent être dans cette situation. Le graphique ci-dessous montre qu’en 2019, 47,1% des locataires les moins aisés cumulent au moins deux difficultés liées au logement, et 31,8% au moins trois.
Afin de pouvoir évaluer une amélioration des conditions de déprivation, il serait évidemment nécessaire de prolonger l’étude dans le temps.
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